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Cette fois, il comprit et souriant à lui-même.

« La grande route, Madame, je ne sais pas, je suis venu ici par d’invraisemblables chemins, conduit par un paysan, qui doit venir me reprendre dans trois jours. Je voulais dessiner ces ruines. »

Elle regarda autour d’elle :

« Dans trois jours, mais où donc logez-vous ?

— À l’auberge de la nature, je campe ici. Quand je serai missionnaire, j’en verrai bien d’autres. Vous êtes Française, Madame ?

— Oui, c’est pourquoi je ne connais pas ce pays.

— À qui donc ai-je l’honneur de parler ?

— Je suis la comtesse Hartfeld. Et vous Monsieur, par quel hasard vous préparez-vous aux missions lointaines en peignant ces ruines ?

— Ma mère vint autrefois dans ce pays ; elle aimait ce site, et comme pour assurer ma vocation, elle m’a imposé une année de voyages par le monde ; je me suis arrangé pour rester un peu dans la Forêt Noire et lui rapporter un souvenir agréable.

— Mon Dieu, dit Michelle, mais vous ne pouvez m’être d’aucun secours, que vais-je devenir ? Sainte Vierge Marie, indiquez-moi mon chemin, continua-t-elle en joignant les mains ; si vous m’aidez, je promets d’élever ici, en ces ruines, une statue de la Mère de Dieu.