Page:Gouraud - Dieu et patrie, paru dans La Croix, 1897.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aucune joie, il reprit son ancienne place. Ce retour au foyer n’était pas une fête ; la soirée se traîna pour lui comme un supplice, et enfin, prétextant la fatigue du voyage, il put prendre congé de sa sœur vers dix heures, et monta rapidement chez lui.

Michelle avait cessé de pleurer. À genoux devant un grand Christ, elle priait. À la vue de son mari, elle se leva.

Il vint à elle, et très doucement, dans la paix enfin reconquise de leur intimité, il lui dit des mots consolateurs, des encouragements émus, qui enfin calmèrent les nerfs tendus de la jeune femme et lui permirent de goûter le bon sommeil de son âge.

Le lendemain, ce fut autre chose.

Minihic inquiétait Michelle, elle ne l’avait pas encore revu depuis l’arrivée : elle pria son mari de la mener visiter la maison, espérant ainsi rencontrer son compatriote. Hans y consentit bien volontiers. Il lui montra en détail le splendide château, princièrement meublé, le parc immense et soigneusement entretenu. Les communs en dernier ressort, les écuries, où trente chevaux splendides s’alignaient. Là, elle vit enfin le groom. On l’avait revêtu de la livrée marron, liserée de bleu avec boutons ornés de la couronne Comtale, et il paraissait très heureux, très gai, très fier de son uniforme.

Il accourut vers sa maîtresse.

« Madame la comtesse est reposée du voyage, fit-il, je suis bien content de voir enfin Madame la comtesse. »

Michelle allait répondre, mais elle n’en eut pas le temps, Edvig, qu’elle n’avait pas aperçue, sortit d’une stalle les mains pleines de pain, qu’elle distribuait à ses favoris.

« Mon garçon, vous êtes nouveau, dit-elle, au jeune valet, c’est une excuse, mais sachez à l’avenir que les valets de Rantzein ne