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« Désormais, qui est-ce qui conduira la maison ?

— Mais vous, Edvig, il ne s’agit pas d’abdiquer vos droits, mais de les partager.

— Deux directions ! deux divisions ! Elle commandera et je me retirerai à Leuchenstal, qui est le refuge des êtres sans asile, l’abbaye des filles pauvres, des veuves et des orphelins…

— Grand Dieu ! fit Hans harassé, ne parlez pas ainsi ; votre autorité, ma sœur, ne sera nullement discutée. Michelle s’adressera à vous en toute occurrence, suivra vos conseils, et ne s’exposera pas à contre-balancer vos ordres. Elle sera chez moi la première invitée. »

Le ton de ces mots était amer.

La maîtresse de Rantzein allait répliquer, lorsque des cris plaintifs retentirent dans la cour. Le frère et la sœur s’approchèrent de la fenêtre : un des gros chiens danois de garde venait de s’élancer sur le pauvre Trilby, qu’un valet avait sorti du coffre de la voiture, et d’un formidable coup de croc il lui avait brisé les reins.

Trilby gisait à terre, les pattes en l’air, une écume sanglante aux lèvres et il pleurait à fendre l’âme.

« La sale bête ! flt Edvig, qu’on l’achève et qu’on l’enroche. »

Mais Michelle accourait, du balcon de son