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mettre de la rejoindre. Ensuite nous causerons à un moment plus favorable que celui de l’arrivée.

— Comme il vous plaira, Hans, vous me quittez pour votre femme, depuis de longs mois et au moment où vous voyez votre sœur, vous n’avez pas cinq minutes à lui consacrer. Allez donc où le cœur vous appelle, je ne suis pas surprise : cet inepte mariage confirme bien toutes mes prévisions.

— Comment, fit le comte, inepte, pourquoi ? J’aime cette enfant, elle me le rend entièrement, elle est d’aussi bonne maison que nous.

— J’ai ouï dire, qu’elle était la fille d’un marchand de bœufs.

— Une mésalliance de sa mère, oui, mais dans toute généalogie vous en trouverez. Sa grand’mère maternelle est bien authentiquement marquise de Caragny, un nom historique

— Enfin, elle est étrangère.

— Qu’importe, nous avons vous et moi assez connu la France dans notre enfance pour l’apprécier. Les Françaises sont vaillantes, vives, spirituelles, braves, et le mélange des deux races ne peut qu’amener une superbe famille.

— Mais, c’est un avorton, cette enfant, elle me vient à l’épaule.

— Vous êtes au-dessus de la moyenne, Edvig. Je vous en prie, si vous avez gardé pour moi un peu de votre tendresse d’antan, soyez bonne pour Michelle. Ménagez sa jeunesse et son inexpérience. Elle est douce et timide, guidez-la, conduisez-là dans la voie utile et sage que vous avez si bien su prendre vous-même. »

Elle haussa les épaules.