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sonnes, pouvait à peine le voir. Maintenant sa fête était gâtée.

À grand peine elle contenait ses larmes et ne parvenait pas à manger. Avant la fin du lunch, la sœur du comte Hartfeld donna l’ordre d’atteler sa voiture, et emmena son frère à l’anglaise sans prendre congé.

Michelle qui les observait vit ce manège et voulut les suivre ; mais retenue, arrêtée par l’empressement des invités, elle ne parvint à s’échapper, à gagner la remise que juste à temps pour entendre cet ordre donné par Edwig :

« Allez et vite. »

Elle tendit les mains, cria :

« Arrêtez ! »

Peine perdue, le cocher enveloppa ses chevaux d’un coup de fouet et sa belle-sœur se penchant vers Hans attira son attention du côté opposé.

Cette fois, ses larmes jaillirent. La petite comtesse ne put supporter stoïquement cette nouvelle douleur de voir sa place prise sans cesse. Elle se laissa tomber sur l’herbe et faisant signe à un piqueur de Rantzein :

« Sellez mon cheval, je vous prie, je veux partir. »

Alexis Rosaroff accourait : « Quoi, cousine, vous pleurez pour si peu de chose. Vous voulez nous fuir, mais ce n’est rien ; votre mari, à la guerre, en a vu bien d’autres sans faiblir, il faut être plus vaillante, chère comtesse, je regrette que ma femme soit absente.

— Ah ! et moi aussi, je regrette de n’avoir pas ici son amitié si vraie, mais Rita n’aime pas venir à Rantzein.

— Elle ne peut s’entendre avec Edvig. Voyons, ne partez pas, nous allons finir ensemble la journée, je vous reconduirai ce soir.