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tirage pour la conscription, elle serait obligée de me laisser partir, étant trop pauvre pour payer un remplaçant militaire. Évidemment, ce n’était là qu’un expédient : la chère femme, qui avait, à coup sûr, mangé plus d’une fois du pain sec pour que ses enfants ne manquassent de rien, aurait vendu son lit plutôt que de se séparer de l’un de nous ; et, comme j’étais en âge de sentir et de comprendre tout ce qu’une pareille vie de travail, de dévouement et de sacrifices m’imposait d’obligations, de respect et d’amour pour ma mère, je lui dis, lorsqu’elle me parla de la conscription :

— C’est bien, maman ; ne m’en parlez plus ; j’en fais mon affaire : je me rachèterai moi-même, j’aurai le grand prix de Rome.


J’étais alors en troisième. Il s’était passé, dans la classe, un événement qui m’avait