Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

nait la tête dans ses deux mains, et m’embrassait en me disant :

— Va, mon enfant, fais de la musique !


Ma chère sainte mère avait prudemment agi : sa résistance était un devoir dicté par sa sollicitude ; mais, à côté des dangers qu’offrait un consentement trop facile à mes désirs, se présentait la grave responsabilité d’avoir peut-être entravé ma vocation. L’encouragement que m’avait donné le proviseur enlevait à ma mère un des principaux appuis de son opposition à mes projets et le premier soutien sur lequel elle eût compté pour m’en détourner : l’assaut était donné, le siège commencé ; il fallut capituler. Ma mère, cependant, tint bon aussi longtemps qu’elle put ; et, dans la crainte de céder trop vite et trop aisément à mes vœux, voici ce qu’elle imagina et à quel expédient elle eut recours.