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propre usurpant la place et les devoirs de l’amour. Aimons notre art ; défendons honnêtement et vaillamment quiconque le sert avec noblesse et courage ; ne retenons pas la vérité « captive dans l’injustice » ; la conscience publique saura, demain, ce que l’on s’efforce de lui cacher aujourd’hui ; le seul parti honorable à prendre, c’est de préparer le jugement de la postérité, ce vox populi, vox Dei, qui ne fixe pas les rangs par faveur ou, chose pire encore, par intérêt, mais qui prononce dans l’infaillible et immortelle justice. Taire la vérité, c’est prouver qu’on ne l’aime pas ; souffrir parce qu’un autre l’a mieux servie qu’on n’a pu le faire soi-même, c’est montrer qu’on voulait pour soi l’hommage qui n’est dû qu’à elle seule.

Faisons la lumière autant que nous le pouvons ; il n’y en a jamais trop.

M. Saint-Saëns est une des plus éton-