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Peu de temps après la mort de mon père dans la maison qui portait et porte encore aujourd’hui le nº 11, place Saint-André-des-Arts (ou plutôt des Arcs), ma mère alla s’établir dans un autre logement, non loin de là, rue des Grands-Augustins, nº 20. C’est de cette époque que datent les premiers souvenirs précis de mes impressions musicales.

Ma mère, qui avait été ma nourrice, m’avait certainement fait avaler autant de musique que de lait. Jamais elle ne m’allaitait sans chanter, et je peux dire que j’ai pris mes premières leçons sans m’en douter et sans avoir à leur donner cette attention si pénible au premier âge et si difficile à obtenir des enfants. Sans en avoir conscience, j’avais déjà la notion très claire et très précise des intonations et des intervalles qu’elles représentent, des tout premiers éléments qui constituent la modulation,