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quelle douloureuse année que celle qui va s’achever pour nous tous et pour chacun de nous, séparés les uns des autres, après tant de malheurs accomplis, au milieu de tant d’angoisses toujours présentes, et dans l’attente de ce qui peut survenir encore ! Depuis cinq mois le cœur n’a pas cessé un jour de gémir et de souffrir ! Depuis cinq mois, l’humanité contemple l’épouvantable spectacle de la destruction la plus acharnée dans un siècle qui s’est pompeusement drapé lui-même dans ce mot de progrès, et qui va laisser à l’histoire le souvenir des plus odieuses atrocités ! Qu’est-ce donc que le progrès, si ce n’est pas la marche de l’intelligence à la lumière de l’amour ? Et ce siècle, qu’aura-t-il fait, je ne dis pas pour le plaisir, mais pour le bonheur de l’humanité ? Napoléon Ier, Napoléon III, Guillaume de Prusse, Waterloo, les mitrailleuses, le canon Krupp !…