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Vous qui avez, dit-on, une mère Dévouement, une mère Abnégation (j’emploie les noms à dessein, car les épithètes ne suffisent pas pour ces sortes de cœur-là), vous me comprendrez si je vous dis que donner à ma mère, c’est me donner, à moi, ce qui m’est le plus doux et le plus cher : car c’est me suppléer et m’aider dans une œuvre que je n’accomplirai jamais selon mon cœur, c’est-à-dire lui rendre une faible partie de ce que sa longue, digne et laborieuse existence m’a prodigué de soins, de sacrifices, d’inquiétudes, de dévouements de tout genre ; en un mot, nous avons été toute sa vie, elle n’aura été qu’une portion de la nôtre !…

Croyez, mon cher Pigny, que je suis profondément touché de voir votre âme déjà si parente pour moi, et rien, avec l’affection unanime qu’on vous porte ici, ne pouvait vous donner plus de titres et plus