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traits, toutes les inflexions si mobiles et si fugitives dont la réunion constitue cette propriété de physionomie qu’on nomme un personnage. Telles sont ces immortelles figures d’Hamlet, de Richard III, d’Othello, de Lady Macbeth, dans Shakespeare, figures d’une ressemblance telle avec le type dont elles sont l’expression qu’elles restent dans le souvenir comme une réalité vivante : aussi les appelle-t-on justement des créations. La musique dramatique est soumise à cette loi hors de laquelle elle n’existe pas. Son objet est de spécialiser des physionomies. Or ce que la peinture représente simultanément au regard de l’esprit, la musique ne peut le dire que successivement : c’est pourquoi elle échappe si facilement aux premières impressions.

Aucun des ouvrages que j’avais écrits avant Faust ne pouvait faire attendre de moi une partition de ce genre ; aucun n’y