Page:Gounod - Mémoires d’un artiste, 1896, 3e éd.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

rencontra, dans les rues de Paris, mon père qui était à pied. Aussitôt il s’écria :

— Gounod ! à pied ! quand moi je roule carrosse ! Ah ! c’est une honte !

Mon père avait été élève de Lépicié, en même temps que Carle Vernet (le fils de Joseph et le père d’Horace). Il avait concouru, à deux reprises différentes, pour le grand prix de Rome. Un trait de sa jeunesse montrera combien étaient scrupuleuses sa conscience et sa modestie d’artiste et de condisciple. Le sujet du concours était la Femme adultère. Parmi les concurrents dont mon père faisait partie, se trouvait le peintre Drouais, dont tout le monde connaît le remarquable tableau qui lui valut le grand prix. Mon père avait été admis par Drouais à voir son œuvre de concours : il déclara sincèrement à son camarade qu’il n’y avait pas de comparaison possible entre leurs deux tableaux, et, de retour dans sa