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miennes. Ses compositions me semblaient révéler un homme de génie, et j’enviais l’avenir auquel il me paraissait appelé. J’allais souvent passer la soirée chez lui, où l’on faisait beaucoup de musique. Sa sœur était excellente pianiste, et j’entendais là (outre ses propres compositions qu’on y essayait entre invités intimes) des trios de Mozart et de Beethoven.

Un jour, je reçus de mon ami, qui était à la campagne, un mot par lequel il me priait de venir le voir, me disant qu’il avait à me faire part d’une nouvelle qui m’intéresserait. Je crus qu’il s’agissait d’un mariage. Lorsque j’arrivai chez lui, il m’annonça qu’il voulait se faire prêtre. Je m’expliquai alors le sens des in-folio et autres gros livres dont, depuis quelque temps déjà, j’avais remarqué que sa table était chargée. J’étais trop jeune pour comprendre un tel revirement, et je le plai-