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de vie à mes ressources : un compagnon de voyage m’avait conseillé de me loger, si je le pouvais, dans une maison particulière, en pension bourgeoise. L’occasion s’offrit bientôt de mettre cet avis en pratique.

Pour rien au monde je n’aurais voulu que ma mère se privât pour engraisser mon petit pécule ; d’ailleurs, eussé-je eu la moindre velléité d’une dépense inutile, que l’exemple d’une vie laborieuse comme la sienne eût suffi pour m’en ôter la tentation. Mon logement, ma nourriture et le théâtre où m’appelait nécessairement l’étude de mon art, c’était là tout mon budget, et, avec de l’ordre, le montant de ma pension pouvait y suffire.

Le premier ouvrage que je vis sur les affiches de l’Opéra de Vienne fut la Flûte enchantée de Mozart. J’y courus avec empressement, et pris un billet des places les