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Retourne aussi Arthur Rimbaud parce que la lave à cracher ne t’a jamais saoulé
Temps 13 dors là sous les puits
Ton sommeil est plus profond que les puits

Tu cherches l’assise fondamentale, la pierre d’angle dont tu rêves, la treizième inconnue qui, déplacée d’un iota, ferait basculer notre terre, faire trois-petits-tours-et-puîs-s’en-vont aux pôles qui calottent notre monde
Cruel Icare des profondeurs qu’on croit éteintes, tu navigues agrippé aux mancherons de ta charrue dans le ventre de la terre, sous les tombeaux et les pierres-bornes, sous les toits des caves et les réseaux d’égoût

Et nous
te laissons à ce ventre creux et résonnant de la terre-matrice pour nous en aller nous perdre dans la lumière, sauter les étages des planètes, le plus près possible de la lampe-soleil

Mais n’avons d’ailes que papillon
Excuse poète notre rêve impossible
Le tien dure encore ton rêve d’Abyssinie dans la mémoire des précédents et le mien n’approche encore que sa naissance
Il est encore éparpillé dans l’inconscient des petits enfants de ce siècle sitôt déjà sonnée la demie et déjà de vieillesse usé

Terre d’Amérique méprisée et rêvée a enfanté ce mythe que j’exhume de moi-l’ici en mal de conquête d’une lumière plus large que celle de ton péché qui bouge au ventre de la terre.

Et je me sens d’un continent qui fut un jour castré de sa féminine terre de lune et les vôtres vous viennent d’un