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…car les dieux n’ont pas de nom…
Et dans ces déserts d’Amérique, pas moyen de fixer des noms avec la certitude qu’ils pourront durer*
C’est pourquoi sur cette face de la terre qui peut-être est sœur de Lune s’agite un peuple étrange et barbare : c’est le peuple qui verra le commencement de la fin

…car la terre est une porte étrangement sculptée, au cadre étroit
Vous croyez pouvoir y évaluer des distances qui soient sûres et c’est le temps qui vient avec la nuit tout chambarder
Et les hommes se croient d’un peuple de la terre
Z’ont l’impression folle de marcher vers la lumière sur un versant de prairie qui progresse vers le soleil
Mais vient toujours la nuit pour basculer leurs désirs de possession du soleil, un tas de pierres à la face du couchant

J’ai eu soif aussi de ce terrible soleil qui couchait derrière un brin de forêt sur la terre chez nous
Et j’ai couru pour rattraper jusqu’à l’heure fatidique du neuf mais toujours vaincu par la terre complice de la nuit j’ai basculé dans un sommeil de chair et d’eau
Et toujours les jours recommençaient
Et les hommes sont cet enfant que j’étais et qui voulait voler le soleil aux hommes de l’autre versant de la planète

* * *

Retourne-toi Temps 13 dedans ta tombe et place ta face vers les profondeurs de l’enfér-terre : le point centre du monde de feu noir