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chargé de trop de signes
se trouve au fond de nous
au fond de nos mémoires
c’est le vent des ancêtres
qui souffle dans mon crâne
dans celui de tous ceux
qui comme moi les cherchent
à ce seul rendez-vous
de passé d’avenir
où nous sommes plantés
en plein cœur du présent
ce vent nous vient aussi
d’un autre continent
mais nous font pourtant signe
des arbres bien d’ici
sur leur écorce encor
bien marqués dans leur chair
de vieux trembles racontent
des histoires d’amour
mais ne savons pas dire
le poids de tout ce sang
parce qu’il s’est éteint
avant d’avoir pu naître
dans les mots des chansons

cette terre-amérique
qui nous force la main
et brûle nos cerveaux
avec des mots de fer
des mots venus d’ailleurs
sous le manteau de ceux
qui ont vu les deux mondes
et qui sont morts de peur