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TEMPS 13


Temps 13 a débarqué sur nos bords et par la gueule, entre deux rocs, dans la barricade des monts Hautpics, d’instinct il est descendu jusque dans la Vallée-des-Endormis. Il y a trouvé tous les hommes plongés dans leur noir sommeil à l’heure qui bascule à midi. Puis la belle Motée aux larges hanches qui rêvait près de la pompe, a souri avec du rouge aux joues.

Cela est la triste histoire d’une déesse qu’on a trompée avec une illusion.

* * *

Temps 13 fut un jour rappelé par le soleil son père. Il fallait dissiper, à l’aide d’un boyau très long, plongeant dans le plus grand lac de la terre, les nuages presque noirs que des humains très savants s’étaient amusés, avec leurs machines, à rassembler là-haut. À cause des rayons négatifs qu’ils lançaient de la terre, ces nuages ne pouvaient pas crever. Ils devinrent si lourds qu’ils firent comme de l’huile à moteur qui s’est rendue à dix mille milles, une espèce de nuit continuelle sur la terre. On entendait, comme un tourment d’en haut, un roulement sourd de tonnerre qui progresse sans jamais aboutir. Les hommes manquant d’eau et aveuglés se traînaient sur la terre comme des poissons malades dans un aquarium infect, parmi les bêtes les plus étranges.