Page:Gouin - J'il de noir, 1971.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


aux tempêtes succèdent les tempêtes
comme à la nuit noire
succèdent les jours de brume
et pourtant je le sais
il faut rester debout
contre vents et marées
garder feux allumés

j’avais souhaité qu’une éclaircie
donne au veilleur du phare
le temps de reposer un peu
de déposer les armes
et les lanternes
de plier les bagages
pour planter le couteau
dans l’écorce de l’arbre
que le sel de la mer
a tué par les racines
sur mon rocher lavé

un éclair seul m’a
redonné la vue
de l’immense prairie
à conquérir vague à vague

une page blanche
s’est déroulée largeur de ciel
comme un grand livre
qui s’ouvre
sur le nom des camarades
sur le tien ton nom
et le nom du pays

Québec c’est toi
comme l’éclair est tache de lumière
à largeur d’un pays dans la nuit