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De fait, son cheminement nous exaltait tous. Sa recherche obsédante d’une identité profonde et intégrale de lui-même, lui apportait, depuis peu, une lueur au-delà de ce qu’il avait requis successivement de l’action et de l’art : vaincre le sentiment de dépendance de l’homme.

Il se savait terriblement mortel et n’avait que faire de la sérénité ; la sagesse échoue à la vieillesse… En lui, le corps ou l’esprit était incurable. Il ne cherchait pas la sérénité, mais l’invulnérabilité. Il s’est brûlé avec ce qu’il voulait brûler en lui et il flamboie de sa métamorphose en communion.

Son terrible orgueil découvrait, sinon de l’humilité, du moins un goût violent et intermittent de simplicité, tantôt par discipline, tantôt par sensibilité. Chez lui, l’horreur de la respectabilité côtoyait naturellement son dégoût de la propriété, de l’argent. Jusqu’à l’extrême, il a vécu passionnément… l’amour fou.

Jamais il ne cherchait un apaisement, mais une victoire, une paix conquise. Pour lui, il était quelque part un Absolu, et toujours, perpétuellement, il vivait en quête de ce Graal inaltérable. Où se trouve cet Absolu, dernière instance de la grandeur de l’homme, qui réfuterait un certain sentiment de lourde dépendance et nous donnerait la paix… l’amour ?

Ô ce destin enfin raccordé à lui-même !

Gaëtan Dostie


P. S. Gaston Gouin avait déjà porté ce manuscrit chez son éditeur, avant sa mort tragique. Il nous avait abondamment parlé de la réalisation de ce recueil et nous avait à nouveau demandé de le seconder comme nous l’avions fait pour Temps Obus. Nous nous sommes fait un devoir de respecter sa volonté et, par-dessus tout, son œuvre.
G. D.