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Je n’entends rien à la Politique. On augure qu’une liberté générale rendroit les hommes Nègres auſſi eſſentiels que les Blancs : qu’après les avoir laiſſés maîtres de leur ſort, ils le ſoient de leurs volontés : qu’ils puiſſent élever leurs enfans auprès d’eux. Ils ſeront plus exacts aux travaux, & plus zèlés. L’eſprit de parti ne les tourmentera plus : le droit de ſe lever comme les autres hommes les rendra plus ſages & plus humains. Il n’y aura plus à craindre de conſpirations funeſtes. Ils ſeront les Cultivateurs libres de leurs contrées, comme les Laboureurs en Europe. Ils ne quittent point leurs champs pour aller chez les Nations étrangères.

La liberté des Nègres fera quelques déſerteurs, mais beaucoup moins que les habitans des campagnes françaiſes. À peine les jeunes Villageois ont obtenu l’âge, la force & le courage, qu’ils s’acheminent vers la Capitale pour y prendre le noble emploi de Laquais ou de Crocheteur. Il y a cent Serviteurs pour une place, tandis que nos champs manquent de Cultivateurs.

Cette liberté multiplie un nombre infini d’oiſiſs, de malheureux, enfin de mauvais ſujets de toute eſpèce. Qu’on mette une limite ſage & ſalutaire à chaque Peuple, c’eſt l’art des Souverains, & des États Républicains.

Mes connoiſſances naturelles pourroient me faire trouver un moyen ſûr : mais je me garderai bien de le préſenter. Il me faudroit être plus inſtruite & plus éclairée ſur la Politique des Gouvernemens. Je l’ai