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vos yeux du plus grand nombre des citoyens. Le commerce est écrasé, une quantité innombrable d’ouvriers sont sans état & sans pain, que deviennent-ils ? Pourriez-vous en rendre compte sans frémir ? Tout est arrêté, le riche impitoyable cache son argent ; vil instrument de sa cupidité, peut-il prolonger ses jours, peut-il les rendre plus heureux ? Ces trésors dans l’inaction, quel bien peuvent-ils faire à personne ? C’est à l’Etat qu’il faut les offrir, & les offrir sans aucun intérêt, tel qu’ils les placent dans leur coffre-fort ; mais dans la caisse de la nation, ils vous rapporteront un prix au-dessus de leur valeur, vos collatéraux, après vous, s’applaudiront de trouver dans votre fortune de tels recouvremens, vous leur laisserez la gloire & l’honneur qui éterniseront votre mémoire. Si une si belle victoire n’émeut point vos ames abjectes, craignez le désespoir des malheureux & des révoltés. Vous ne sauriez vous le dissimuler, c’est toujours sur les riches qu’ils portent leurs