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gardes qui en fournissent tant qu’il en est besoin. Que veux-tu de plus admirable que ces loix sages & plus qu’humaines.

Je restai ébahie d’un semblable discours, & je reconnus tous les changemens qui s’étoient faits pendant mon sommeil ; j’arrive enfin dans la rue des Boucheries. Cette rue infecte me parut totalement avoir changé de forme ; ce n’étoit plus ce sang dégoûtant des animaux qui couloit dans les ruisseaux, cette odeur méphitique qui empoisonnoit les passans ; c’étoit une odeur suave & succulente. Tous les bouchers en étoient chassés, & c’étoit à la place de ces étaux qu’il se trouvoit de fameux rotisseurs & d’excellens traiteurs ; le sieur Pothiez, dont le goût est exquis dans l’art des restaurateurs, étoit toujours à leur tête. On voyoit à la place de ces mots, rue des Boucheries : rue des Friands. Je demande en bas de la rue de Condé à un apothicaire assez plaisant, d’où vient ce grand changement ; mais comme il parle toujours par monosyllabes, il ne