Page:Gouges - Remarques patriotiques, 1788.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 42 )

reprendre mon chemin ; je gagnai le Pont-Royal ; je vis tout le monde vêtu différemment. Les vêtemens étoient devenus presqu’uniformes ; les jeunes gens n’étouffoient plus dans leurs gilets rétrécis, & dans leur espèce de caleçons ridicules, qui les rendoient droits comme une toise, & plaisans comme des pantins. Tous ceux que je rencontrai avoient l’air aisé & honnête, sur-tout ils me paroissoient être très-polis ; car ils ôtoient leurs chapeaux à toutes les femmes qu’ils rencontroient. Je prends la rue du Bacq ; mais quelle est ma surprise & mon étonnement ; cette rue, quoique dans l’hiver & qu’il eût plu, étoit propre comme une cour bien entretenue ; j’avois tant de plaisir à la parcourir, que je fus jusqu’au bout, & par-tout la police étoit bien observée ; mais ce qui me surprit davantage, ce fut de ne plus rencontrer ni wisky, ni cabriolet, ni voiture, ni charrette à pierre, ni tombereau à boue ; cependant j’apperçus quelques voitures simples & modestes qui