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mes, tous montés sur de superbes coursiers ; mais sans armes, & n’ayant pour toute défense qu’une branche d’olivier. Au milieu de cette escorte j’apperçus un arbre touffu ; j’étois curieuse d’approcher de cet arbre, qui paroissoit chargé immensément de fruits superbes. Un grouppe de Peuple m’enveloppe & m’entraîne au pied du char qui portoit cet arbre. O surprise admirable ! je vois mon Roi Louis XVI, en personne, qui me tend la main, & me prend gracieusement ma Lettre au Peuple. Je découvre, à ses côtés, une femme voilée qui arrache son voile, & qui me tend de même la main. Cette nouvelle surprise répand dans mon ame une satisfaction pure & enchanteresse, en reconnoissant que c’étoit la Reine. Cette aimable candeur qui se répand sur son front auguste, son air affable & compatissant me déterminèrent à lui présenter mes Remarques patriotiques. A peine a-t-elle jetté les yeux sur cet écrit, que je vois couler ses larmes. Elle se lève, elle secoue elle-même l’arbre, & tous les