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SONGE DE L’AUTEUR.


C’est dans les bras de Morphée que j’ai cru me promener aux Tuilleries ; il me sembloit entendre une musique martiale ; tout le monde couroit, & tout-à-coup je me suis vu seule au milieu de ce vaste jardin. Le soleil terminoit son cours, & la nuit commençoit à étendre ses voiles. Craintive de mon naturel, dans un lieu isolé, je me suis senti douée à l’instant d’un courage intrépide. Je me suis assise au pied d’un arbre, & il m’a paru que je m’endormois une seconde fois. Tout-à-coup je me suis réveillée par un spectacle ravissant ; les Tuilleries étoient tout-éclairées ; les objets qui se sont présentés à ma vue étoient des hommes d’une taille extraordinaire ; ils étoient vêtus uniformément, & ce costume, quoique simple, me paroissoit noble comme celui du tems d’Henri IV : ils n’avoient point de