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cupa que du fils dont vous me demandez l’histoire. Je ne fais aucune mention des évènemens de ma vie depuis l’âge de six ans jusqu’à trente, époque où j’ai rencontré ce jeune frère âgé de vingt deux ans. Ayant appris pendant sa jeunesse qu’il avoit une sœur, il fit plusieurs recherches pour la rencontrer. Voici comment il me découvrit.

Se trouvant un jour dans une maison où l’on reçoit bonne & mauvaise compagnie, un homme de ma connoissance, lui adressa la parole sans le connoître & lui demanda son nom. Cette question étonna le Marquis qui à son tour lui en demanda le motif. C’est, dit-il, parce que vous avez une ressemblance frappante avec Madame de Valmont. À ce nom seul, le Marquis l’embrassa, le regarda comme un Dieu tutélaire, & le supplia de le conduire chez moi : ce qu’il fit. Lorsqu’on m’annonça cette personne. & que je la vis accompagnée d’un jeune homme, une émotion des plus extraordinaires m’agita ; les larmes coulèrent de mes yeux je m’écriai : c’est mon frère ; c’est le fils du Marquis de Flaucourt ; & ce fut dans les plus tendres embrassemens que nous confirmâmes les liens du sang qui nous unissoient. Il ne s’écouloit aucun jour que je n’eussent la satisfaction de le voir deux ou trois fois. Bientôt il me fit la confidence de ses plus