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bien raisonnable. Je ne prétend s pas gêner les opinions d’autrui ; je fais que je ne compose qu’avec pétulence, que je déteste de revenir sur mes idées, & que bonnes ou mauvaises, je voudrois qu’on les jugeât, en rendant justice au fond, s’il renferme quelque mérite ; par-la, je serois plus satisfaite d’un foible triomphe que d’une plus grande gloire, s’il falloit l’acheter par un travail trop pénible, ou la devoir aux efforts d’un tiers plus éclairé que moi, qui dénatureroit mes ouvrages au point que je n’oserois me les approprier. Ainsi, je ne puis écrire que d’aprè moi, parce qu’il seroit trop facile de reconnoître tout ce qui n’et pas moi. Ceux qui n’écrivent que naturellement, varient souverit leur diction ; éloquens dans certains endroitS, foibles dans d’autres ; mais les vrais Connoisseurs ne se trompent jamais sur ce qui part de la même source. Voilà, M. le Comte, ce que je pense des personnes qui jugent aussi sainement que vous. Je me contente de l’offre de Madame de Valmont, quoiqu’à beaucoup près elle ne soit pas, à mes yeux, si intéressante que celle que vous desiriez. Il est vrai qu’on ne pent exiger une relation suivie en si peu de mots. Mais comme est indispensable pour moi de me rappeller dans l’esprit du Public, & de réclamer l’indulgence qu’il m’a déjà