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tient, elle en est enchantée : vous en jugerez par sa réponse. Vous me demandez des conseils sur la prière de notre femme Auteur ; ne vous attendez pas, Madame, à me trouver plus raisonnable sur cet objet. Curieux comme une femme, & les aimant plus que moi-même, jugez, Madame, combien je dois être intéressé connoître les événemens d’une personne sensible. Vous êtes un Juge trop sévère, & si, d’après votre systême, les personnes de votre sexe deviennent conséquentes & profondes dans leurs ouvrages, que deviendrons-nous, nous autres hommes, aujourd’hui si superficiels & si légers ? Adieu la supériorité dont nous étions si orgueilleux. Les Dames nous feront la loi, & la partie la plus foible deviendra la plus forte. Cette révolution feroit dangereuse. Ainsi je dois desirer que les. Dames ne prennent point le Bonnet de Docteur, mais qu’elles conservent leur frivolité, même dans leurs Ecrits. Tant qu’elles n’auront pas le sens-commun, elles seront adorables. Nos Savantes de Molière sont des modèles de ridicules. Celles qui suivent aujourd’hui leurs traces, sont les fléaux des sociétés, & semblent, par le travestissement de leur esprit, contribuer à la désunion de la nature entière. Les femmes peuvent écrire, mais il leur est dé-