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LETTRE II.

Madame de VALMONT au Comte de ***

MONSIEUR,

Je ne suis point étonnée de la vivacité de Auteur ; mais vous, homme prudent, approuverez vous un empressement qui n’a d’autre motif que sa passion décrire & de faire imprimer ? pourriez-vous, M. le Comte, m’engager à une entreprise aussi folle ? S’il ne s’agissoit que de quelques faits, ne les trouveroit-elle pas dans le Mémoire que je lui ai permis d’imprimer. Les détails de ma vie sont trop remplis d’événemens, pour que je puisse les tracer dans un si court espace. Dépouillés des accessoires ils n’inspireroient aucun intérêt, & déroberoient au Lecteur tout ce qu’il y a de plus piquant. Cependant, je ne veux point l’affliger : la Comédie que j’ai jouée, il y a quatre ans, avec mon frère le Marquis de Flaucourt peut remplir son objet & le mien. En exposant aux yeux du Public, ce genre de correspondance, on verra que l’amitié fraternelle me suggéra un moyen peu commun,