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le Ciel par une piété cruelle ; ils me reprochent mon existence qu’ils connoissoient, ainsi que toute la Province, avant que je me connusse moi-même. Dans mon enfance toute la famille me chérissoit, & je ne connoissois pas alors les loix ni le préjugé. Je fus élevée en les chérissant, & je les chérirois de même, s’ils n’étoient durs qu’envers moi. Qu’ils m’accablent de leur animosité, qu’ils ne l’abandonnent pas : que le Prélat, son frère de lait, reconnoitre la véritable bienfaisance & répande sur elle ce qu’il devoit à celle qui lui donna le sein. Pour Madame la Marquise elle est étrangère a mes demandes ; cependant elle s’est imposée des devoirs par les loix de la religion. Elle a promis à son Epoux mourant d’acquitter les dettes qui chargeoient sa conscience, celle qu’il contrarta envers sa silleule étoit la première que cette respectable veuve devoit acquitter sans réfléchir sur le passé. À tout péché miséricorde. Voilà ce que Dieu nous ordonne, & ce que les justes suivent. À qui peut-on accorder sa confiance dans la societé, quand ceux qui enseignent la religion & la clémence nous abandonnent. Il n’y a donc plus de probité sur la erre ? Dans quelle classe, dans quel etat, dans