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s’empêcher de me plaindre, & de m’applaudir ; elles font toutes existentes, & à même de me rendre cette justice. Que m’importeroit une célébrité qui auroit fait le malheur & le tourment de celui pour qui j’aurois sacrifié mes jours pour rendre les siens heureux & tranquiles ; mais puisqu’actuellement la mort me l’a enlevé sans les avoir troublés, je n’ai plus de frein pour ceux qui lui ont survecu, qui ont aggravés ses torts, & comblé mes malheurs. Quel triomphe pour son adversaire si je l’avois intéressé à mon sort, lui qui n’avoit jamais pu porter atteinte, ni à sa probité, ni à sa délicatesse ; c’étoient des saillies & des épigrammes qui saisoient seulement briller son esprit sans déshonorer celui qui étoit l’objet de ses railleries. Ses moyens étoient tous épuisés, & quoique ceux que j’aurois pu lui fournir, eussent pu tenter toute autre que moi, mon amour & mon respect me firent préférer ma bisarrerie à une vaine célébrité. La nature ne perd point ses droits, mais elle se fait peu entendre à ceux que j’accuse. Oui, je le déclare hautement,……… …… · une famille riche qui prodigue ses largesses indistinctement & qui n’en prive que celle qui y avoit le plus de droits. Sourds au cri du sang & de l’humanité, ils croyent gagner