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authentiques. C’eſt une tache imprimée ſur la mémoire de M. le Marquis de Flaucourt, & que ceux qui auroient dû l’effacer n’ont fait qu’étendre, en augmentant ſes torts.

Mon pere m’a oubliée au berceau ; voilà mon ſort, & j’ai encore à gémir sur celui de ma mère. J’avois tout pouvoir de reclamer les droits de la Nature pour mon exiſtence phyſique, mais j’en faiſois le ſacrifice, comme on le verra dans ma correſpondance avec la famille de Flaucourt, en faveur de celle qui m’a donné le jour. Les liaiſons de ſang & d’intérêt qui éxiſtoient entre cette famille & la mienne, étoient bien faites pour engager ces ames dévotes à répandre leurs bienfaits ſur la malheureuſe filleule de M. le Marquis de Flaucourt, qui éprouve, dans ſa vieilleſſe, la plus affreuſe misère. Juſqu’à préſent je ne l’ai point abandonnée, mais mes moyens ſont devenus ſi foibles, que je me vois obligée de prendre le parti de la retraite. Ce n’eſt pas mon ſort qui m’afflige, mais c’eſt la cruelle ſituation de ma pauvre mere. Je ſens mon cœur déchiré à ce tableau. Que n’employerois-je point pour lui procurer les ſecours qui lui ſont néceſſaires dans ſa vieilleſſe ? Combien le poids de la misère doit lui paroître dur & inſuportable, après avoir été élevée dans la fortune ! & quelle