Page:Gouges - Oeuvres de madame de Gouges - 1786.pdf/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rend la femme encore plus inhumaine : car ſi elle pouvoit ſe livrer à ſa fureur, elle reproduiroit, ſuivant ſon pouvoir, toutes les horreurs de cette journée cruelle, à jamais mémorable dans la Nation Françoise. O Femmes, Femmes de quelque eſpèce, de quelque état, de quelque rang que vous ſoyez, devenez plus ſimples, plus modeſtes, & plus généreuſes les unes envers les autres. Il me ſemble déjà vous voir toutes réunies autour de moi, comme autant de furies pourſuivant ma malheureuſe exiſtence, & me faire payer bien cher l’audace de vous donner des avis : mais j’y ſuis intéreſſée ; & croyez qu’en vous donnant des conseils qui me ſont nécessaires, ſans doute, j’en prends ma part. Je ne m’étudie pas à exercer mes connoiſſances ſur l’eſpèce humaine, en m’exceptant ſeulement : plus imparfaite que perſonne, je connois mes défauts, je leur fais une guerre ouverte ; & en m’éfforçant de les détruire, je les livre à la cenſure publique. Je n’ai point de vices à cacher, je n’ai que des défauts à montrer. Eh ! quel eſt celui ou celle qui pourra me refuſer l’indulgence que méritent de pareils