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reſpectables & ſi intéreſſantes à-la-fois ! Avec quel plaiſir les femmes délicates ne doivent-elles pas croire à l’exiſtence de cette noble Chevalerie, lorſqu’elles ſont forcées de rougir aujourd’hui d’être nées dans un ſiècle où les hommes ſemblent ſe plaire à afficher, auprès des femmes l’oppoſé de ces ſentimens ſi épurés, ſi respectueux, qui faiſoient les beaux jours de ces heureux tems. Hélas ! qui doit-on en accuſer, & n’eſt-ce pas toujours nos imprudences & nos indiſcrétions, mes très-chères Sœurs ? Si je vous imite dans cette circonstance, en dévoilant nos défauts, c’est pour eſſayer de les corriger. Chacune avons les nôtres, nos travers, & nos qualités. Les hommes ſont bien organiſés à-peu-près de même, mais ils ſont plus conſéquents : ils n’ont pas cette rivalité de figure, d’eſprit, de caractère, de maintien, de coſtume, qui nous diviſe, & qui fait leur amuſement, leur inſtruction ſur notre propre compte. Les femmes en général ont trop de prétentions à-la-fois, celles qui réuniſſent le plus d’avantages, ſont ordinairement les plus inſatiables. Si l’on vante un