Page:Gouges - Oeuvres de madame de Gouges - 1786.pdf/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.

roit bien se renfermer à l’Hôtel de la Force ou à quelqu’autre maison d’une plus sévère correction, si j’avois la loi pour férule ; mais je n’ai que celle de la littérature qu’on a mis en usage avant moi avec plus d’énergie, & qui n’a pas produit un meilleur effet. Le délateur des crimes est seul dans l’Ecrivain ; il devient redoutable & suspect lui-même pour avoir voulu démasquer les méchans ; mais leur calomnie est plus forte que toutes ses entreprises, & ce n’est souvent qu’après lui qu’on reconnoît ses desseins vertueux. Mais, que dis-je ? ô Public sévère, les ouvrages immortels des grands hommes parlent mieux que toutes mes observations, & c’est bien assez pour moi de vous faire adopter celles qui me concernent. Il faut que j’essaye encore plus, il faut que j’obtienne de vous une indulgence plénière pour toutes mes fautes, qui sont plus graves que légères ; fautes de françois, fautes de construction, fautes de style, fautes de savoir, fautes d’intéresser, fautes d’esprit, fautes de génie, & suivant notre sainte Religion exaucer ma prière ; mais peut-être la force vous manquera-t-elle pour me pardonner les fautes de versification. C’est ici où je dois à genoux faire amende honorable pour avoir ôser faire imprimer les Couplets & les Romances de mon Philosophe corrigé. J’engage dans