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L’esprit.

Parbleu, laissons là, impitoyable Raison, nos prétentions réciproques & parlons de mes ouvrages où vous brillés l’un & l’autre.

Le Bon-sens.

Pour moi on ne m’y apperçoit pas souvent.

La raison.

Je n’en dis pas de même, & je joue un très grand rôle dans toutes ses productions.

Le Bon-sens.

Oui, je sais, ma très-chere sœur, que vous raisonnez sur tout ; vous fatiguez souvent ceux qui vous écoutent ; vous êtes devenue aussi commune que l’esprit ; vous faites raisonner ceux qui n’ont jamais pensé, & nous allons voir si dans ces circonstances vous serez d’accord avec la sagesse que l’Esprit a cru se dispenser d’appeler à son conseil.

L’esprit.

Il ne manquoit qu’elle pour m’enterrer tout vif. C’est bien assez de vous deux pour m’ôter le courage d’écrire & de faire imprimer, sans joindre à mon inaction un ennui éternel, un sommeil létargique ; je crains déjà trop vos prudents conseils. Eh ! Que deviendrois-je ? si la sagesse s’emparoit de moi. Ah ! mille fois plutôt la mort. J’aimerois autant ne pas exister que de