Page:Gouges - Le couvent - 1792.pdf/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
LE COUVENT,

tendus Philoſophes, vous ſeriez le panégyriſte de l’erreur ?

Le Curé.

La Religion ne commande point d’être ſourd à la voix de la nature. Concilier ſes dogmes avec les devoirs de la ſociété, voilà la morale, voilà l’inſtruction que nous devons aux hommes. Laiſſez ſe conſacrer au ſervice des autels celles qu’une vocation particulière y appelle dans un âge où la raiſon ait pu ſuffiſamment les éclairer ſur le choix d’un état où il eſt ſi difficile de ſe plaire ; mais renoncez au pouvoir tyrannique de condamner à des regrets la timide innocence que vous enchaînez dans les Cloîtres. Songez que le droit de ſe choiſir librement une place dans la ſociété appartient, par la nature, à tout être penſant, & que le premier de tous les devoirs eſt d’être utile.

Le Marquis.

Raiſonnemens ſuperflus, qui ne peuvent ébranler ma détermination. Julie eſt ſans fortune ; ſa dot payée, ſes vœux prononcés, je me verrai débarraſſé, pour toujours, du ſoin que j’ai bien voulu prendre d’elle.

Le Curé.

Tremblez de lui vendre trop cher des ſer-