Page:Gouges - L esclavage des noirs (1792).djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
DRAME

rendre coupables pour me défendre : craignez ſur-tout cet eſprit de faction, & ne vous livrez jamais à des excès pour ſortir de l’eſclavage ; craignez de briſer vos fers avec trop de violence ; attendez tout du tems & de la juſtice divine, remplacez nous auprès de M. le Gouverneur, de ſa reſpectable épouſe. Payez-les par votre zèle & par votre attachement de tout ce que je leur dois. Hélas ! je ne puis m’acquitter envers eux. Chériſſez ce bon Maître, ce bon père, avec une tendreſſe filiale, comme je l’ai toujours fait. Je mourrois content ſi je pourrois croire du moins qu’il me regrette ! (Il ſe jette à ſes pieds.) Ah ! mon cher Maître, m’eſt-il permis encore de vous nommer ainſi ?

M. DE SAINT-FRÉMONT, avec une vive douleur.

Ces paroles me ſerrent le cœur. Malheureux ! qu’as-tu fait ? va, je ne t’en veux point, je ſouffre aſſez du fatal devoir que je remplis.

ZAMOR, s’incline & lui baiſe les pieds.

Ah ! mon cher maître, la mort n’a plus rien d’affreux pour moi. Vous me chériſſez encore, je meurs content. (Il lui prend les mains.) Que je baiſe ces mains pour la dernière fois !