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poiſon, le fer, les poignards, l’invention des ſupplices les plus barbares & les plus atroces ne vous coûtent rien, dit-on. Quelle cruauté ! quelle inhumanité ! Ah ! combien vous faites gémir ceux qui vouloient vous préparer, par des moyens tempérés, un ſort plus doux, un ſort plus digne d’envie que tous ces avantages illuſoires avec leſquels vous ont égarés les auteurs des calamités de la France & de l’Amérique. La tyrannie vous ſuivra, comme le crime s’eſt attaché à ces hommes pervers. Rien ne pourra vous accorder entre vous. Redoutez ma prédiction, vous ſavez ſi elle eſt fondée ſur des baſes vraies & ſolides. C’eſt d’après la raiſon, d’après la juſtice divine, que je prononce mes oracles. Je ne me rétracte point : j’abhorre vos Tyrans, vos cruautés me font horreur.

Ah ! ſi mes conſeils vont juſqu’à vous, ſi vous en reconnoiſſez tout l’avantage, j’oſe croire qu’ils calmeront vos eſprits indomptés, & vous rameneront à une concorde indiſpenſable au bien de la Colonie & à vos propres intérêts. Ces intérêts ne