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DRAME.

vie, & j’ai ſeul échappé à la fureur des flots. Je ne reſpire qu’avec horreur : ſéparé de toi, chaque inſtant redouble mes peines. En vain je te cherche, en vain je t’appelle : Ta voix retentit dans mon cœur, mais elle ne frappe pas mon oreille. Je te ſuis. (Il deſcend avec peine & tombe au fond du Théâtre appuyé ſur une roche.) Un nuage épais couvre mes yeux, ma force m’abandonne ! Grand Dieu, accorde-moi celle de me traîner juſqu’à la mer ! Je ne puis plus me ſoutenir. (Il reſte immobile d’épuiſement.)



Scène IV.


VALÈRE, MIRZA.
MIRZA, accourant & appercevant Valère.

AH ! Dieu ! Quel eſt cet homme ? S’il venoit pour ſe ſaiſir de Zamor & me ſéparer de lui ! Hélas ! que deviendrois-je ? Mais, non, il n’a peut-être pas un ſi mauvais deſſein ; ce n’eſt pas un de nos perſécuteurs. Je ſouffre… Malgré mes craintes, je ne puis m’empêcher de le ſecourir. Je ne puis plus long-tems le voir en cet état. Il a l’air d’un François. (À Valère.) Monſieur, Monſieur le François…