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une ame généreuſe, croira plutôt le bien que le mal & ſe laiſſera toujours tromper par des dehors ſéduiſans.

La Fontaine.

Et ſouvent même il ſera injuſte ſur le compte d’un honnête citoyen, & ouvrira trop facilement les oreilles à la calomnie. Vous devez me pardonner, Monſieur le Comte, cette application.

Le Comte.

Vous êtes autoriſé à me la faire, & je dois à mon tour vous juſtigier auprès de Madame de Valmont. La conduite que vous tenez avec moi aujourd’hui m’étonné & vous rend mon eſtime. Pour vous donner une marque de ma confiance, je veux vous charger de venger cette fille trompée par ce ſcélérat : il l’épouſera, ou il périra dans un cachot.

La Fontaine.

Suivez ce dernier parti, Monſieur le Comte ; car, ſi vous voulez du bien à cette jeune perſonne, pouvez-vous deſirer qu’elle devienne ſa femme ?

Le Comte.

Ah ! je m’y intéreſſe plus que vous ne penſez ; mais je ſaurai étouffer mes ſentimens, & je trouverai, ſans me faire connoître, des moyens qui la ſauveront des plus grands écueils. Je vais vous charger d’un lettre pour le Miniſtre. Qu’il m’en coute d’employer la violence contre un jeune homme qui annonçoit tant de vertus !

La Fontaine.

Je reſſens, Monſieur le Comte, toute la peine que