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Laurette.

Ah, ſi les petites Maîtreſſes reſſemblent à celle-là, elles ſont bien aimables, je vous l’aſſure : elle ne dédaigne pas le pauvre monde, ni ſon cher papa non plus : cer il lui a dit fort bien en ma préſence, que ſi elle avoit un peu de peine, comme moi, elle ne ſeroit plus malade. Cela ſe peut bien, a-t-elle dit, avec un ſon de voix aigrelet : mais je la plaignois bien de la voir comme ça ſouffrante. Enſuite entra cette fameuſe Marchange de Modes. Oh, qu’elle lui fit plaiſir avec tous ſes chapeaux & ſes barrieres de fleurs ! Elle eſſayoit celui-ci, elle eſſayoit celui-là ; aucun ne lui convenoit, & tous lui plaiſoient… Ah, je vous répons qu’elle n’eût plus beſoin de Médecin.

Le vieux Montalais.

Quel bon remede pour une malade du grand monde, qu’un beau chapeau ! N’avois-tu pas auſſi envie d’en avoir un ?

Laurette.

Allons donc, vous badinez ! Eſt-ce que cela me ſieroit à moi ?

Marianne.

Tu as raiſon, ma chere Laurette ; ces ajuſtemens ne ſont pas faits pour de pauvres filles comme nous, la vertu ſeule doit les parer. Tout ſied bien aux perſonnes riches, elle font gagner aux Ouvriers ce qu’elles ont de ſuperflu.

Laurette.

Nous ſerions bien malheureux, ſi la plupart du monde ne faiſoit pas de dépenſe : nous n’aurions rien à faire.