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Scène XV.


Le jeune Montalais, entrant par la couliſſe oppoſée & regardant aller le Comte.

Hélas que faire ? Il ſort. Le ſuivrai-je ? Je ne ſais quel parti prendre. Monſieur la Fontaine ſe trompe, & le Comte de Saint-Clair eſt un parfait honnête homme. Je ne puis définir le preſſentiment qui m’agite. Une terreur ſecrette s’empare de mon ame. M. le Comte pourroit-il m’en vouloir, ſi je lui avouois que j’ai un pere, une mere, une ſœur reſpectable ? Pourroit-il me blâmer, quand il ſauroit l’emploi que je fais de ſes nobles bienfaits ? Allons, je vais… Mais, non, je compromettrois M. de la Fontaine. Mon pere cependant eſt en danger. Que fais-je, malheureux ? Je forme mille réſolutions, ſans pouvoir me fixer ſur aucune. Cependant, il faut prendre un parti, le tems me preſſe. Sauvons d’abord mon pere des pourſuites de ſon créancier. Allons le cacher dans un lieu ſûr, hors de Paris, s’il eſt néceſſaire. Mais comment ſubvenir à cette nouvelle dépenſe ? Je ſuis abſolument ſans reſſources.

[Il ſe regarde.]

Engager mes effets, m’engager moi-même : Voilà le ſeul parti qui me reſte, & j’y vole.


Fin du premier Acte.