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Le Comte.

Non, & je ne crois pas que jamais on y penſe.

Madame de Valmont.

Que ſait-on ? Nous devenons conſéquentes dans ce ſiècle frivole, & la cabale de ce genre eſt formidable. Le petit nombre pourroit bien ſuccomber.

Le Comte.

De tous les tems, les femmes ont écrit, & nous en avons qui ſe ſont immortaliſées par les graces du ſtile & les charmes du ſentiment qu’elles répandoient dans leurs Ouvrages.

Madame de Valmont.

Mon cher Comte, vos mœurs & vos principes tiennent encore au bon temps paſſé ; je n’en vois gueres comme vous qui conſervent ce véritable caractere Français. Aujourd’hui cette noble occupation eſt tournée en ridicule, & l’on va même juſqu’à nous refuſer le mérite de créer nos foibles productions : mais il ſe fait tard, des affaires preſſantes m’obligent à vous quitter.

Le Comte.

Permettez-moi, Madame, auparavant, de vous demander quelques détails ſur le ſort de cette fille vertueuſe.

[à part].

Si je pouvois charger Madame de Valmont d’une ſomme…

Madame de Valmont.

Elle eſt retirée dans un fauxbourg avec ſon pere & ſa mere ; une petite ouvriere va chercher & rapporte ſon ouvrage. Cette aimable fille eſt ſans ceſſe occupée à des