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telle que vous m’avez paru, ſans doute votre pere ſeroit devenu le mien. Mais pourquoi l’accuſer ? Un autre m’a prévenu, un autre a ſû lui plaire. Je ne dois que la plaindre & gémir ſur ſon ſort. Je veux cependant travailler à ſon bonheur ; faire agir Madame de Valmont, en lui cachant ſa foibleſſe, s’il eſt vrai qu’elle ait cedé aux tranſports de ſon amant. Combien ſa douleur la rendoit intéreſſante ! La beauté dans les larmes ajoute à ſon pouvoir.

[Après avoir réfléchi.]

Que fais-je, malheureux ? Plus je cherche dans mes réflexions à me ſauver, plus je m’égare. Non, non, il ne ſera point dit qu’une fantaiſie me faſſe conduire comme un inſenſé. Si je pouvois approuver mes ſentimens, je m’applaudirois de mon choix, & ſi ma raiſon ne peut me guérir, en m’éloignant de Paris, je pourrai du moins, par cette abſence, triompher de ma foibleſſe. Liſons cette fameuſe préface qu’on ne vend que ſous le manteau.

[Il tire une brochure de ſa poche & lit.]

C’eſt une choſe incroyable que toutes ces platitudes… Eh bien, tout Paris y court. On n’a point de l’eſprit dans ce pays-ci, que quand on eſt méchant.


SCENE V.


LE COMTE, Madame de VALMONT, GERMEUIL.
Madame de Valmont, bas à Germeuil, dans le fond du théâtre.

Comme le voilà tranquile ! Germeuil, obſerve ce