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noîtra les inconvéniens très-dangereux. Il faut encore reconnoître que les seigneurs, les riches n’habitent point assez la campagne. Ce n’est pas sur leurs vasseaux qu’ils répandent leurs bienfaits : jamais ils n’ont cherché à rendre l’existence des paysans heureuse et paisible. C’est cependant des laboureurs de qui les mains laborieuses font sortir tous les trésors de la terre, et toutes les jouissances des grands et des riches. Quelles âmes bienfaisantes adoucissent la rigueur de leur sort ? Quel cœur généreux vient les secourir dans leurs infirmités ? Ils nourrissent les hommes, et manquent eux-mêmes de pain ! Le villageois instruit dès qu’il se connoît, abandonne le labour et le lieu de sa naissance ; il va chercher l’état de paresseux dans la capitale : c’est le noble emploi de laquais ou de crocheteur qu’il adopte. Il regrette, quand il n’en est plus tems, sa chaumière, lorsque son esprit et son corps sont énervés de débauches. La crainte de la milice le chasse de ses paisibles foyers ; et c’est dans le sein des villes qu’il va chercher une fin cruelle. »

Que n’aurois-je point à citer, si je voulois parcourir tous mes écrits patriotiques. Tous ne respirent que le bien public, et la prospérité de l’état ; mais quel que fût l’utilité de mes faibles productions, l’anonyme m’a appris que la prévention guide presque toujours l’opinion des hommes.

Le Projet de l’impôt volontaire, les Remarques patriotiques, et le Bonheur primitif de l’homme, eurent sous l’anonyme le plus grand succès.

On a mis en exécution tous les projets qu’ils renferment ; il ne me reste plus que de voir mettre en exécution les impôts que j’y indique, comme sur les voitures, chevaux, valets, et sur les académies de jeu. Quel remede efficace pour prévenir et arrêter le danger de ces académies !

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