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on suspendra la seconde représentation. Non ; l’excellent homme a fait son calcul : je ne ferai que quelques coupures à la hâte et sans réflexion ; on choisira les mauvais jours ; on jouera trois fois mon drame dans la même semaine avec les coupures informes ; on l’accolera à tout ce que le répertoire offre de plus usé : on choisira les jours où le public désertera les spectacles, et qui furent les derniers de Favras : et par le résultat de ces bénignes précautions, mon drame tombera dans ce que la comédie appelle ses règles ; c’est-à-dire, qu’il lui appartiendra, parce que la recette n’aura pas atteint telle fixation.

Je veux déjouer cette manœuvre ; je m’oppose à la troisième représentation qui est annoncée sur l’affiche ; je demande mon manuscrit : l’excellent homme se présente encore, il se rend l’orateur du comité : « la comédie est équitable ; elle sait que vous avez le droit de retirer votre pièce jusqu’à ce que les changemens soient appris ; mais elle se voit compromise avec le public : que dira-t-il ce soir, si on ne lui donne pas votre drame ? Laissez-le jouer, et la comédie aura les plus grands égards à ce sacrifice. Je vous promets de sa part vingt représentations de suite,