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pour moi, et pressé entre cette gêne de recevoir, et l’impolitesse de vous renvoyer ce que vous m’aviez offert avec instance, j’ai gardé. Votre ardeur d’être jouée à la comédie, madame, vous avoit portée à quelques vivacités envers elle ; si notre assemblée n’eut été composée que d’hommes, probablement cela eût peu marqué : mais comme les femmes sont juges compétans des femmes, il se trouva que mon zèle ne fut plus le maître d’y porter le calme que j’y aurois desiré pour vous. Dans un état de choses assez désespéré, mon amitié s’appuya des secours que pouvoit prêter à votre affaire mon camarade Florence que vous aviez fort mal traité, et dont le procédé fut assez noble pour seconder le désir que j’avois de voir tout rétabli dans un ordre qui vous fût agréable. Nous composâmes, vous et moi, madame, une lettre que vous signâtes pour l’assemblée ; elle étoit honnête ; elle fut entendue avec plaisir, et tout fut oublié. Depuis, madame, votre vivacité a encore tout gâté, et m’a mis dans l’impossibilité absolue de vous être utile : cependant mon intérêt pour vous n’étoit nullement inquiet du sort de votre pièce ; je sais combien la comédie est juste envers les auteurs, même envers ceux dont elle peut avoir à se plaindre ; et je ne vous répétois autre chose, en